Présentation de MEMO

Analphabétisation dans une école de Madagascar
Définition de l'analphabétisme

L'analphabétisme est l'incapacité de lire et d'écrire. Mais le contenu de cette notion a évolué. L'omniprésence de l'écrit dans les sociétés contemporaines exige en effet des compétences de plus en plus importantes en matière de lecture et d'écriture. A la fin du XIXe siècle, on n'était pas considéré comme analphabète lorsqu'on était capable de déchiffrer des mots ou d'écrire son nom.
La définition adoptée par l'Unesco en 1958 est beaucoup plus exigeante : elle déclare analphabète «toute personne incapable de lire et d'écrire, en le comprenant, un exposé bref et simple de faits en rapport avec la vie quotidienne». Vingt ans plus tard apparaît la notion d'analphabétisme fonctionnel : selon l'Unesco, elle désigne tout individu «incapable d'exercer toutes les activités pour lesquelles l'alphabétisation est nécessaire au bon fonctionnement de son groupe et de sa communauté et aussi pour lui permettre de continuer à lire, écrire et calculer, en vue de son propre développement et de celui de sa communauté».
A la même époque, alors que l'analphabétisme semblait définitivement disparu des pays occidentaux, on s'aperçoit qu'une partie de la population, après avoir été scolarisée, a perdu l'usage de la lecture et de l'écriture : pour rendre compte de ce phénomène, on utilise désormais le terme d'illettrisme, alors que les analphabètes sont ceux qui n'ont jamais appris à lire et à écrire.
L'analphabétisme dans le monde
L'Unesco estime qu'il y avait, en 1990, plus de 962 millions d'analphabètes adultes dans le monde. Le taux d'analphabétisme est étroitement lié au sous-développement : il dépasse 50 % en Asie du Sud et en Afrique subsaharienne. 73 % des analphabètes vivent dans des pays qui sont parmi les plus peuplés du monde : Inde, Chine, Pakistan, Bangladesh, Nigeria, Indonésie, Brésil, Egypte, Iran et Soudan.
Il est très difficile de lutter contre l'analphabétisme dans le tiers-monde. La croissance démographique empêche les pays les plus pauvres de scolariser toute la population. Par ailleurs, les possibilités de promotion économique et sociale sont faibles, ce qui réduit considérablement les effets des campagnes d'alphabétisation. L'analphabétisme touche particulièrement les femmes, qui se marient souvent jeunes et fréquentent peu l'école.

Dans les pays industrialisés, le taux d'analphabétisme est toujours resté inférieur à 10 % depuis la Seconde Guerre mondiale. Il n'est plus que d'environ 4 % à l'heure actuelle. En revanche, le problème de l'illettrisme concerne une part non négligeable de la population.

L'alphabétisation
Les Etats indépendants issus de la colonisation font de l'alphabétisation une priorité. D'importants programmes sont mis en oeuvre, avec l'aide de l'Unesco, de l'OIT (Organisation internationale du travail), de la Banque mondiale et des anciens pays colonisateurs. Après des tentatives infructueuses d'alphabétisation de masse, on pratique aujourd'hui une alphabétisation dite fonctionnelle qui s'intègre à un programme de développement culturel et économique adapté aux besoins spécifiques d'une population.

Lutte contre l’analphabétisme en Algérie

L’Algérie et tous les pays du monde ont célébré durant toute la semaine écoulée (du 19 au 25 avril), les Journées mondiales de lutte contre l’analphabétisme initiées par l’Unesco sous le thème cette année « L’enseignement accessible à tous ».
L’Algérie est l’un des pays où l’analphabétisme connaît l’un des taux les plus élevés, puisqu’il a atteint, selon les statistiques de 1998, les 24 %, c’est-à-dire presque 7 millions d’habitants sur un total de 32 millions d’Algériens. La ville de Constantine tourne autour de cette moyenne nationale puisque le taux d’analphabétisme y a été estimé, en 1998 toujours, à 136 722 c’est-à-dire 21,45 % de la population de la ville dont les deux tiers sont des femmes, c’est-à-dire 88 040 femmes analphabètes contre 48 682 de sexe masculin. Le plus ahurissant dans ces chiffres (en nette augmentation), c’est que ce taux n’est pas exclusif aux zones réputées rurales, mais équitablement réparti - de manière relative - entre les douze communes de la ville du Vieux-Rocher, alors que les communes d’El Khroub et de Aïn Smara enregistrent les taux les plus faibles avec respectivement 18,28 et 18,26 %.
Par ailleurs, le taux le plus élevé a été enregistré du côté de la commune d’Ibn Badis (ex-El Horia). La commune de Constantine compte, quant à elle, 76 131 analphabètes (19,72 %), c’est-à-dire plus que les autres communes réunies qui totalisent en fait 60 591 illettrés. Il faut dire qu’en Algérie 1 700 000 personnes de moins de 25 ans n’ont pas accès à l’enseignement et ne savent malheureusement ni lire ni écrire, surtout si l’on sait que le nombre d’enfants analphabètes de par le monde tourne autour de 1 000 000. Pour connaître les activités qu’a connues la ville du Vieux-Rocher durant ces journées, nous nous sommes rapprochés du siège de la section locale de l’Association nationale de lutte contre l’analphabétisation Iqraa M. Bouhdjar nous a expliqué qu’à défaut de moyens financiers, l’association s’est contentée d’une modeste exposition au niveau de son siège.
Nous saurons que cette association (section locale) survit avec un maigre budget annuel de 150 000 DA alors qu’elle s’occupe de quelque 3000 femmes et 150 hommes encadrés par quelque 130 enseignants engagés dans le cadre du filet social ou encore l’emploi jeunes. Seuls 12 exercent à titre de bénévoles, l’effectif étant réparti sur 57 écoles au niveau des différentes communes de la ville. Les cours dispensés concernent les niveaux de première année jusqu’en sixième. L’association, et pour répondre aux souhaits de nombreux inscrits, a inclus aussi les programmes de 7e à la 9e AS, par la suite les intéressés peuvent se rabattre sur les cours par correspondance pour aller plus loin dans les études.
Si les normes internationales (Unesco) exigent que le programme d’alphabétisation ne dépasse pas les six mois, il en est autrement en Algérie où un pareil programme peut se prolonger dans le meilleur des cas jusqu’à trois ans, à cause des conditions sociales très pénibles. Aujourd’hui, la plus grande crainte de M. Bouhdjer est le départ inévitable des enseignantes qui dispensent les cours d’alphabétisation. « Je suis conscient qu’avec des primes de 3000 DA/ mois, mes enseignants iront voir ailleurs dès la première opportunité qui s’offrira à eux et je ne leur en voudrais pas. Mais il serait regrettable qu’ils partent après avoir acquis une expérience de plusieurs années », dira-t-il. Souad Z. est l’une de ces enseignants, elle est diplômée de l’Institut de chimie industrielle et dispense des cours dans le centre d’alphabétisation de l’avenue Aouati Mustapha depuis 5 ans pour la modique pension de 2500 DA/ mois. Souad ne cache pas sa fierté d’accomplir une si noble mission mêlée à une certaine amertume liée au peu de considération qu’on fait de son cas et de centaines de jeunes diplômés comme elle. Ce centre, qui incarne désormais une véritable lueur d’espoir, tourne tant bien que mal et manque cruellement de moyens, comme un photocopieur nécessaire à la reproduction de certains documents pour les élèves.
Par Lamine Benzaoui, El watan

Samira & Barbara
Amies pour la vie